Action Urgente: les preuves retenues contre Rouslan Koutaev ont été fabriquées

Amnesty International a lancé une campagne pour Rouslan Koutaev, un otage depuis le 20 Février dans la République Tchétchène d’Itchkérie qui est toujours sous l’occupation militaire russe.
Rouslan Koutayev (56 ans), ancien vice-Premier ministre de la République Tchétchène d’Itchkérie et actuel chef de l’Assemblée des peuples du Caucase et le Comité international pour les problèmes du Caucase du Nord, a été enlevé le 20 Février lors de la visite de ses parents dans le village de Gekhi à Ourus-Martan qui est sud-ouest de Grozny. Juste après son enlèvement, il a été accusé de possession illégale de drogues. Cependant, en fait, son enlèvement est lié à une conférence qui a eu lieu le 18 Février, à l’occasion du 70e anniversaire de la déportation de tout le peuple tchétchène-ingouche vers l’Asie centrale et la Sibérie par la direction soviétique.
Voici l’appel d’Amnesty International:
ACTION URGENTE
Les preuves retenues contre un militant ont probablement été fabriquées de toutes pièces
Rouslan Koutaev, un militant de la société civile, a été placé en détention par les autorités tchétchènes [pro-russe] et semble-t-il torturé après avoir organisé une conférence en mémoire des victimes des déportations infligées par Staline aux populations du Caucase.
Le 20 février, à Atchkhoï-Martan, localité de la République tchétchène, Rouslan Koutaev a été arrêté pour possession d’héroïne par près de 30 hommes armés. Selon les informations reçues, le groupe qui l’a arrêté comptait des agents de sécurité attachés au leader tchétchène [pro-russe] Ramzan Kadyrov, des agents de police et des hommes sans insigne identifiable. Le 21 février, à environ 1 h du matin, Rouslan Koutaev a été amené à un poste de police de Grozny. Il a par la suite pu contacter un avocat et lui a dit qu’avant d’être amené au poste de police, il avait été conduit dans une cave du siège de la présidence, au centre de Grozny, où il aurait été déshabillé, battu et électrocuté. Ses tortionnaires auraient aussi proféré des menaces contre sa famille. Le 24 février, un membre de l’ONG Comité contre la torture a pu rendre visite à Rouslan Koutaev et a relevé les graves contusions qu’il présentait. Amnesty International a également vu un enregistrement vidéo fait pendant que Rouslan Koutaev était en détention : sur ces images, il présente des contusions sur une large partie de son corps et, sous sa peau, on peut voir une côte qui pointe à un angle inhabituel.
Rouslan Koutaev a informé ses avocats qu’il souffrait de graves douleurs à la tête et à la mâchoire. Selon un rapport médical publié le 13 mars, une de ses côtes a été endommagée. Lorsque Rouslan Koutaev est arrivé au poste de police [pro-russe], il avait déjà « avoué » être en possession de trois grammes d’héroïne, et a plus tard confirmé cet « aveu » devant un tribunal. Cependant, sa détention au secret et non officielle ainsi que les mauvais traitements qu’il a subis donnent à penser que ces « aveux » ont été obtenus par la contrainte. La police russe est fréquemment accusée de placer délibérément de la drogue dans les affaires de personnes interpellées lorsqu’il n’y a pas d’autre preuve de crime, afin de justifier leur arrestation et les poursuites engagées par la suite. Selon les informations reçues, Rouslan Koutaev n’a jamais consommé de drogue, et il est en tous les cas peu probable qu’il ait été en possession de substances illégales, car il savait que son militantisme pouvait faire de lui une cible pour les autorités. Il est toujours incarcéré dans un centre de détention à Grozny.
DANS LES APPELS QUE VOUS FEREZ PARVENIR LE PLUS VITE POSSIBLE AUX DESTINATAIRES MENTIONNÉS CI-APRÈS, en russe, en anglais ou dans votre propre langue :
exhortez les autorités à veiller à ce que Rouslan Koutaev ne soit pas soumis à la torture ni à d’autres formes de mauvais traitements ;
engagez-les à lancer sans délai une enquête efficace et impartiale sur les allégations selon lesquelles les preuves retenues contre Rouslan Koutaev auraient été fabriquées de toutes pièces, et selon lesquelles il aurait été placé en détention illégalement, torturé et maltraité ;
insistez pour qu’elles veillent à ce que Rouslan Koutaev reçoive tous les soins médicaux nécessaires.
ENVOYEZ VOS APPELS AVANT LE 1ER MAI 2014 À :
Prosecutor General / Procureur général
Yurii Yakovlevich Chaika
Prosecutor General’s Office
ul. B. Dmitrovka, d.15a
125993 Moscow GSP- 3
Fédération de Russie
Fax : +7 495 987 58 4 ; +7 495 692 17 25
Chairman of the Investigative Committee / Responsable du Comité d’enquête
Aleksandr Ivanovich Bastrykin
Investigative Committee of the Russian Federation
Tekhnicheskii pereulok, dom 2
105005 Moscow, Fédération de Russe
Fax : +7499 265 90 77; +7499 265 97 75
Veuillez également adresser des copies aux représentants diplomatiques de la Fédération de Russie dans votre pays.
COMPLÉMENT D’INFORMATION:
Rouslan Koutaev est un militant de la société civile bien connu, qui vit en République Tchétchène d’Itchkérie qui est toujours sous l’occupation militaire russe. Kutayev a servi comme adjoint au Premier ministre par intérim Aslan Maskhadov dans le gouvernement intérimaire formé après la signature de l’Accord Khasavyourt en Août 1996, qui a mis fin à la guerre de 1994 à 1996, et comme aide à Maskhadov après que il a été élu président de la République tchétchène d’Itchkérie en Janvier 1997. Il a été co-président de la Société pour l’amitié russo-tchétchène jusqu’à sa fermeture en Octobre 2006.
Le ministre de l’Intérieur tchétchène [pro-russe] a affirmé que Rouslan Koutaev avait été détenu pour possession de substances illicites. Cependant, le 25 février, Ramzan Kadyrov, président de la régime pro-russe, a semble-t-il déclaré à la télévision publique que Rouslan Koutaev avait été arrêté pour sa participation à une conférence non-autorisée en mémoire des personnes du Caucase déportées sous Staline il y a 70 ans.
Pendant les jours qui ont suivi le 23 février 1944, la totalité de la population tchétchène du Caucase a été déportée en Asie Centrale et dans d’autres régions éloignées de l’Union soviétique, en punition de leur soutien présumé aux forces d’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. De nombreux autres groupes ethniques du Caucase et d’autres régions ont subi le même sort. De très nombreuses personnes sont mortes en raison de ces mesures. Ce n’est qu’après la mort de Staline que ces populations ont eu l’autorisation de regagner leur région.
Ramzan Kadyrov, le président de la régime pro-russe en Tchétchénie, a semble-t-il ordonné qu’aucune commémoration des victimes des déportations ne soit organisée cette année. Dans d’autres républiques du Caucase du Nord, comme le Daghestan et l’Ingouchie, les commémorations ont semble-t-il été reportées au 24 février ou interdites par les autorités. Selon des commentaires de sources indépendantes, les autorités auraient voulu éviter que les commémorations coïncident avec la cérémonie officielle de clôture des Jeux olympiques de Sotchi, qui se déroulait le 23 février 2014.
Le 18 février, malgré les avertissements, Rouslan Koutaev et d’autres militants et historiens ont organisé une conférence intitulée « La déportation du peuple tchétchène. Qu’était-ce et est-il possible de l’oublier ? » Le lendemain, les personnes qui avaient participé à la conférence ont été convoquées par un haut fonctionnaire du gouvernement pour un entretien avec Ramzan Kadyrov, au cours duquel le président les aurait réprimandées verbalement. Seul Rouslan Koutaev ne s’est pas rendu à cet entretien.
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