Manuel Valls approuve-t-il, oui ou non, l’arrestation des enfants de sans papiers dans les écoles ?
MANUEL VALLS, VA-T-IL ROUVRIR LA CHASSE A L’ENFANT COMME AU BON VIEUX TEMPS DES ARRESTATIONS DE GAMINS DANS LES ECOLES QUAND SARKOZY ETAIT A L’INTERIEUR… POUR NE PAS REMONTER PLUS AVANT DANS L’HISTOIRE ?
La question mérite en tout cas d’être posée : la semaine dernière, dans une interview au Monde, Manuel Valls annonçait son intention de résoudre à sa façon, « intransigeante », la question des déboutés du droit d’asile.
A peine quelques jours après, le 6mai, Khava Plieva, demandeuse d’asile tchétchène était arrêtée et placée en rétention pour être renvoyée vers la Pologne, premier pays par lequel elle est entrée dans l’Union européenne (Accords dits Dublin 2 qui obligent les réfugiés à demander l’asile dans le premier pays européen traversé). Les deux enfants de Khava Plieva étaient en classe, à l’école Gustave Courbet à Nîmes, l’un en maternelle, l’autre en primaire. Qu’à cela ne tienne : la police téléphonait aux directeurs pour leur demander de retenir les enfants afin qu’ils soient arrêtés après la sortie des élèves, sans doute pour ne pas procéder à l’interpellation des gamins sous les yeux des autres enfants et des parents d’élèves. On a sa pudeur, chez certains policiers nîmois !
Pas de chance pour les subordonnés de M. Valls, un voisin, dûment autorisé par la mère des enfants, s’est présenté et a pris les enfants. Il faut se réjouir que l’intérêt supérieur des enfants soit passé avant les considérations policières et que les enfants n’aient pas attendu pour être emprisonnés avec leur mère. Arrivés avec deux voitures et un fourgon (à Nîmes, on ne lésine pas sur les moyens pour arrêter deux gamins de moins de 10 ans !) les policiers ont constatés que leurs proies leur avaient échappées.
La préfecture du Gard a finalement reculé : Khava Plieva a été libérée après 48 heures de rétention, le 8 mai vers 21 h, une mesure prise « dans l’intérêt supérieur des enfants » assure le préfet dont on peut se demander s’il comprend bien les mots qu’il utilise. Voilà un haut fonctionnaire qui emprisonne une mère, tente de faire arrêter ses enfants à la porte de l’école pour les placer en rétention (une mesure queFrançois Hollandes’était engagé à interdire…) et qui couvre son échec de « l’intérêt supérieur des enfants »
Survenant en même temps, le 6 mai aussi, que la pression policière exercée contre une famille kosovare (trois enfants scolarisés à Culoz – Ain) déboutée de l’asile pour la contraindre à accepter une expulsion, cette affaire est inquiétante.
S’il s’agit de la malencontreuse initiative d’un préfet brouillon, il faut que le ministre la condamne et annonce les mesures propres à empêcher qu’elle se reproduise. Ne pas le faire reviendrait à la cautionner et à autoriser les préfets et les services de police à procéder à l’arrestation des enfants dans les écoles. Rappelons que, quand il était Ministre de l’Intérieur et Ministre de la Chasse à l’Enfant, Sarkozy avait tenté de systématiser le procédé. L’indignation des enseignants, des parents d’élèves, de tous ceux qui ont un minimum de mémoire historique l’avait contraint à pratiquement y renoncer tout comme ses successeurs Hortefeux et Besson (Les dernières descentes de police connues aux abords d’une école, des faits isolés en réalité, datent du 1er décembre 2008, à Grenoble, puis du 7 janvier 2011 à Langeac (43).
Il serait inacceptable qu’un président ayant promis d’interdire l’enfermement des enfants en rétention autorise leur arrestation dans les écoles et laisse son ministre de l’Intérieur recourir à ces pratiques détestables pour résoudre à sa façon la situation des demandeurs d’asile, en expulsant à tour de bras et dans n’importe quelles conditions.
On est navrés d’avoir à le répéter mais ce qui était honteux sous Sarkozy, la chasse à l’enfant entre autres, le resterait sous François Hollande. Ce qui n’a pas été accepté sous l’un ne le sera pas plus sous l’autre.
Patrick Michel, Richard Moyon
Source: RESF
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